Le Petit Nacré (Issoria lathonia) est un papillon migrateur de la famille des Nymphalidae. Cet insecte orange aux tâches argentées fréquente les endroits chauds pour butiner. Malgré une aire de répartition large en France, il est plutôt rare en forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Ce nacré est passé devant mon objectif photo en ce début juin. Il n’en fallait pas plus pour que je vous en parle.
Un nacré pas comme les autres
La famille des nacrés comprend 8 espèces de papillons orange et noir (Moyen Nacré, Grand Nacré, Nacré de la Ronce, Tabac d’Espagne, Petite Violette, Petit Collier argenté, Grand Collier argenté) tous plus beaux les uns que les autres. Mais le Petit Nacré se démarque par ses préférences pour les pelouses sèches où pousse la succise des prés, le trèfle, les chardons. Il butine dans ce type de biotope les fleurs mellifères.
Quelques détails morphologiques le distinguent de ses cousins Nymphalidae. Tout d’abord, la forme incurvée de ses ailes antérieures donne une première indication. Ensuite, le papillon est flanqué de 3 rangées de points noirs de bonne taille. Près du corps, une zone verdâtre borde la frange alaire. Sur le dessous, de grandes tâches argentées qui justifient l’appellation nacré.
Qu’il est beau cet insecte migrateur qui enjolive nos pelouses sèches certaines années. Dans les régions plus au sud, son hibernation est fréquente. Du coup, il apparaît plus tôt dans la saison dès que les températures sont douces. D’autres caractéristiques entourent ce lépidoptère orange. Voyons cela ensemble.
Où voir le Petit Nacré en Île-de-France ?
En région parisienne, le Petit Nacré est principalement observé sur les départements de la grande couronne. La Seine-et-Marne, l’Essonne, les Yvelines et le Val-d’Oise accueillent les individus en provenance du sud. Les années chaudes, les observations sont plus précoces comme en ce printemps 2017. J’ai eu enfin la possibilité d’immortaliser les belles tâches nacrées du revers de ses ailes. J’en rêvais presque…
Revenons à la répartition d’Issoria lathonia en Île-de-France. Bien que probablement incomplète, les relevés des contributeurs montrent une concentration des individus sur la frange extérieure des départements franciliens cités. Autrement dit, pour la Seine-et-Marne, ce sont le sud-est et le nord qui concentrent cette espèce. Dans l’Essonne, le sud et sa riche biodiversité remportent la palme. Tandis que dans les Yvelines et dans le Val-d’Oise, les populations migratrices se montrent dans l’ouest pour l’un et le nord du département pour l’autre.
Ces localisations reflètent la présence de différents types de milieux propices à l’espèce. On peut exclure le milieu forestier qui ne compte pas comme biotope fréquenté par l’insecte. Il aime les prairies en fleur, les pelouses sèches, les prairies humides bordant les cours d’eau faisant office de zone tampon avec les forêts. Ainsi, cette tendance est confirmée par la proximité de rivières dans pas mal de relevés (source Cettia IDF).
Les falaises des bords de Seine ayant une végétation saxicole (qui pousse sur les rochers) sont favorables au Petit Nacré. Les versants sud bien ensoleillé et chaud seront à privilégier pour la prospection. Et puis, étant très mobile, ce nacré peu fréquent en forêt de Bière se montrera que les années chaudes et ensoleillées.
Plantes hôtes pour les chenilles
Quelles sont les plantes qui servent de nourriture aux chenilles d’Issoria lathonia ? Pour ne pas déroger à la famille des nacrés, les femelles du Petit Nacré pondent uniquement sur des espèces de violettes sauvages. Elle déposera ses œufs sur la violette odorante (viola odorata), la pensée sauvage (Viola tricolor), la pensée odorante (viola arvensis). La chenille de la sous-famille des Heliconiinae est affublée de piquants et arbore une belle teinte.
D’après les différentes sources que j’ai consultées pour préparer cet article, l’hibernation est courante chez cette espèce et ce quelques soit l’étape, imago ou larvaire.
Le Petit Nacré en quelques mots
Dès lors que la présence du Petit Nacré dépend de plusieurs facteurs, certaines années, ce magnifique papillon est peu visible. Le manque de prospection cause un déficit d’informations à son sujet. Ensuite, l’identification de ce papillon diurne est aussi un frein à son recensement.
Mais lorsqu’il passe sous mes yeux, je ne peux m’empêcher de faire des photos. Surtout, si depuis des années j’attendais cette belle rencontre. J’espère que ce beau papillon orange vous aura séduit et fera grandir l’envie de découvrir les autres membres de cette famille que j’ai regroupés dans mon dernier ebook de 69 pages sur les Nymphalidae.
Voici une aide visuelle à l’identification de la famille des Nacrés pour aller plus loin.
Un très bel article !
Le Petit Nacré se raréfie chez moi, en Wallonie. Comme beaucoup d’ autres espèces hélas !
L’ agriculture intensive et les modifications des biotopes en sont les principaux responsables.
Bravo et bonne continuation,
Francis
Merci Francis d’apporter vos observations sur ce papillon magnifique !
Cdlt
Djamal
C’est une espèce qui va bénéficier de l’action pâturage à Bleau!
😉
Merci pour cet article bien documenté par ces belles images.
J’observe aussi des nacrés près de chez moi et ce n’est pas facile de les identifier même avec des guides et surtout pour un daltonien comme moi.
Merci Jean-Marie pour cet échange !
Cdlt
Djamal
Superbe reportage !
On comprend mieux la vie de papillon.
Merci Hepiegne 🙂