L’orvet fragile (Anguis fragilis) et moi, c’est une longue histoire. Il y a quelques années, je l’ai aperçu sur une souche d’arbre prenant le soleil. Ce bref moment m’a donné envie d’en savoir plus sur ce reptile pas comme les autres. Le plus inoffensif de tous, il n’est pas facile à détecter dans son habitat. Mais le hasard a bien fait les choses, puisque cette année, j’ai découvert un nid d’orvets fragiles. Cette fois, j’ai pu prendre des photos et l’observer attentivement.
Description
Ce saurien a une carte d’identité remarquable. Imaginez-vous les particularités suivantes. L’orvet fragile est un lézard sans pattes de 30 à 50 cm. Sa pupille est ronde comme celle des sauriens. Il a des paupières qui lui permettent de cligner des yeux. Les serpents eux, ont une paupière transparente et fixe.
Sa langue bifide c’est-à-dire avec deux extrémités lui confère la possibilité de percevoir son environnement proche. Elle sert à trouver de la nourriture ou un partenaire pour l’accouplement. Sa teinte est variable allant du brun plus ou moins clair au gris. Les jeunes orvets sont bicolores, beiges sur le dessus et marron sur les flancs.
Mode de vie
De tous les reptiles de France, l’orvet fragile est un des moins bien connu. Cet animal fouisseur est discret faisant sa vie dans les profondeurs de la végétation du sol. Il se nourrit de vers de terre, d’insectes et de limaces. Il occupe des trous plus ou moins profonds dans lesquels il peut passer l’hiver et réguler sa température. Comme tous les animaux à sang froid, il a besoin de la chaleur du soleil pour faire le plein d’énergie avant de commencer sa journée.
Habitat
Il fréquente toute sorte de milieux. On le trouve dans les bois, en forêt, en lisière, dans les friches, les prairies, les jardins. Il affectionne les caches ou il peut récupérer de la chaleur en toute sécurité. Ce peut-être sous une bâche, dans un tas de foin, sous une planche, etc. Je rappelle qu’il est totalement inoffensif comme le montre la photo ci-dessus. Il n’est pas agressif, ne cherche pas à mordre.
3 caractéristiques remarquables
À mes yeux, il y a 3 points exceptionnels caractérisant Anguis fragilis. Le premier point est qu’il peut cligner des yeux. Cela parait bête, mais un lézard avec un corps de serpent qui cligne des yeux, je trouve ça frappant ! Le second point est sa longévité. Quelle espérance de vie, lui donneriez-vous ? Eh bien, figurez-vous que dans son habitat naturel, ils peuvent atteindre 30 ans voir plus (environ 50 ans), remarquable, non ! Le dernier point rejoint un peu le premier, puisqu’il laisse une partie de sa queue en cas d’attaque d’un prédateur comme le fait un lézard. Mais cette faculté n’est disponible qu’une seule fois.
L’auxiliaire du jardin | Nourriture
Malgré toutes ses qualités, l’orvet commun peut encore faire peur (je peux le comprendre). Si nous nous reportons à tout ce que je viens de décrire, ce lézard apode est un très bon auxiliaire du jardinier. Il ne dédaigne pas les vers, les limaces, les chenilles, les cloportes, enfin tout ce qui passe à sa portée et dont il est friand. Pour maintenir sa présence, il lui faut un endroit humide et ombragé qui maintient la présence de ses proies favorites.
J’espère vous avoir éclairé un peu sur ce lézard pas comme les autres. Craintif, ce reptile de la famille des Anguidae est attachant. Il ne tient qu’à nous de lui laisser une place dans la nature. Comment faire cela ? Tout simplement, en laissant des prairies naturelles, des haies, des mares exister sans pression immobilière ou autres plans du même genre. La coexistence est possible et souhaitable, car, elle représente la vie.