Le sphinx de l’euphorbe (Hyles euphorbiae) fait partie de ces papillons nocturnes volant aussi de jour. À quatre reprises, j’ai trouvé en forêt de Fontainebleau ses chenilles, mais les imagos sont restés introuvables. Dans ma photothèque, plusieurs dizaines de photos des larves à différents stades dormaient jusqu’à cette année où j’ai pu enfin photographier le papillon en vol et de jour. Voilà, l’occasion qu’il me fallait pour vous en parler de ce Sphingidae.
Provenance de Hyles euphorbiae
La France compte 24 espèces de sphinx. Dans le lot se trouvent de belles curiosités qui se distinguent soit par leur grande taille, soit par leur couleur où par leurs exploits. Hyles euphorbiae qui fait partie des lépidoptères de grande taille est singulier sous ce rapport.
Commun dans le sud de la France et sur la bordure atlantique, il est erratique ailleurs. Ce constat est issu de mes observations sur une durée de 6 années. Durant la bonne période, je profite de mes sorties photo pour scruter les plantes hôtes. Il est rare de le trouver deux années de suite. La météo douce et chaude de certains printemps doit influencer la remontée des sphinx de l’euphorbe plus vers le nord. Le site lepinet.fr matérialise département par département les observations de l’espèce. Par exemple, cet hétérocère (papillon de nuit) est régulier en Seine et Marne (Île-de-France).
Description
Comme tous les sphingidés, notre papillon a un corps massif de 35 à 40 mm pour une envergure de 70 mm environ. Sa longue trompe de 30 mm lui permet d’aspirer le nectar des fleurs visitées. Lors de ma rencontre avec ce bel insecte, il faisait de courts vols stationnaires autour de saponaires comme le montre la photo ci-dessous.
À la sortie de la chrysalide, le sphinx de l’euphorbe arbore sur les ailes antérieures des taches vert kaki et une barre grise. D’ailleurs, il arrive parfois que la barre grise soit rosée. Les ailes postérieures contrastent avec une bande rosée sur un fond noir. Les pattes et les antennes sont blanches.
Aptitude du sphinx de l’euphorbe
L’aptitude commune au genre sphinx est la capacité d’avoir un vol rapide et soutenu grâce à de puissants muscles. J’ai noté qu’avant de décoller, le papillon passe quelques minutes à faire vrombir ses ailes. Ce qui veut dire qu’il les fait vibrer au ralenti jusqu’au moment où l’insecte va augmenter l’amplitude des battements lui permettant de prendre son envol. La raison est qu’il a besoin de chauffer ses muscles avant d’entamer le décollage.
Une fois cette préparation effectuée, il pourra faire des pointes entre 40 et 50 km/h et voyager au gré de ses envies. Cependant, la nature ayant des impératifs, il finira par se mettre à la recherche d’un ou d’une partenaire pour se reproduire.
Attention chenilles toxiques
Après la reproduction, la femelle recherche principalement l’euphorbe pour y déposer de petits œufs verts qui écloront après une période de l’ordre d’une semaine. En forêt de Fontainebleau, mes notes me conduisent à chaque fois sur l’euphorbe petit-cyprès comme plante nourricière. En clair, il n’y a que cette plante sur laquelle sont déposés les œufs. Certains entomologistes citent d’autres plantes hôtes, mais toujours vers des espèces d’euphorbes. Par exemple, j’ai déjà noté des chenilles sur l’euphorbe des bois (appelé aussi euphorbe à feuilles d’amandier).
L’euphorbe produit une substance laiteuse qui est toxique pour l’humain, mais pas seulement. Les chenilles à différents stades de leur croissance ingèrent jour après jour cette plante sauvage. Les couleurs vives de leur peau est un avertissement sans frais aux prédateurs comme les oiseaux. Après leurs naissances, les chenilles mangent une partie de l’enveloppe de l’œuf et se dispersent sur l’euphorbe petit-cyprès.
Arrivées à mi-parcours du développement larvaire, les chenilles ont une teinte jaune verdâtre avec de multiples points blancs. Vous noterez la pointe appelée scolus se trouvant à l’extrémité de la chenille. Cet appendice est inoffensif. En tout cas, pour nous cela constitue un moyen de reconnaître le genre du futur papillon.
Si vous voulez voir les variations de couleurs des imagos et des chenilles de sphinx, cliquez sur le lien.
Vous remarquerez que le stade larvaire proche de la chrysalidation, la couleur de la chenille change. Sur la photo ci-dessous, la chenille adulte ne va pas tarder à entamer la recherche d’un endroit adéquate pour entamer sa transformation. Elle s’enfoncera quelques centimètres sous terre, confectionnera un léger cocon soyeux et cessera de s’alimenter.
Dernier stade
La grosse chenille prête à passer au stade de la chrysalide se trouve généralement au milieu ou à la fin de l’été. Donc, le papillon à l’état de chrysalide passera l’hiver pour se métamorphoser durant le mois de mai de l’année d’après. J’ignore si les chrysalides supportent le froid et survivent aux hivers froids. Toujours est-il que le sphinx de l’euphorbe est relativement rare et par conséquent dur à voir. Ce qui fait de lui un hôte exceptionnel en forêt de Fontainebleau.
Bonjour Dominique, merci pour l’article complet et passionnant concernant le Sphynx de l’Euphorbe petit cyprès.
J’habite dans le sud de la France. Cette fin d’après-midi j’ai trouvé pour la première fois depuis quatre ans dans mon jardin, une belle chenille très colorée…
Comme je n’avais jamais vu cette beauté auparavant, je l’ai installée sous une grande cloche de verre avec son feuillage et un peu d’eau , à l’abri de la lumière vive.
La suite vous la connaissez, j’ai trouvé votre blog.
Il est temps que je relâche la belle car je sais qui elle est.
Vos photos sont superbes et je comprend qu’il vous a fallu du temps pour avoir celle du papillon…alors bravo et merci : je suis vraiment heureuse d’avoir lu eu cette synthèse si intéressante !
Merci Sylvie pour votre appréciation sur mon blog !
Cdlt
Djamal
Bonjour,
Reportage très intéressant et photos superbes permettant de constater la métamorphose de cet insecte rare qu’est le sphinx de l’euphorbe. Ce doit être un bonheur lorsque le photographe en découvre un !
Merci pour toutes ces précisions et aussi pour tout votre travail apprécié par vos lectrices et lecteurs !
A la prochaine fois Djamal.
Dominique Ftr
Bonjour Dominique,
Sachez qu’il m’a fallu au moins 6 ans entre les premières photos de chenilles et celles du papillon.
Il est tellement difficile de le voir voler en plein jour alors qu’il est nocturne !
Bref, il faut aussi de la chance pour croiser ce magnifique papillon et j’en ai eu…
Merci pour votre fidélité Dominique
Cdlt
Djamal
Bonjour Djamal,
Votre patience à attendre de pouvoir photographier les chenilles et les papillons a été récompensée.
Le résultat est superbe et je ne peux que vous féliciter pour tout ce beau travail dont nous profitons tous et qui nous permet d’approfondir nos connaissances en même temps que d’admirer vos belles photos.
Cordialement et bon
week-end.
Dominique