La chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) poursuit sa progression vers le Nord. Les nids de chenilles sont présents en forêt de Fontainebleau depuis au moins une dizaine d’années. Vecteur d’allergie pour les humains et les animaux domestiques, la processionnaire du pin représente un danger sanitaire.
Il est donc important de connaitre cet insecte de la famille des Bombyx, son mode de vie et les cycles qui lui sont favorables. Nous verrons aussi, comment lutter contre ces chenilles et pourquoi entreprendre la favorisation de la biodiversité est une protection efficace.
Avant l’invasion
Initialement, la chenille processionnaire du pin était cantonnée sur le pourtour méditerranéen et sur une ligne allant des Landes vers le mont Ventoux (Vaucluse). Cantonné sur les sylvicultures de résineux, elles profitent d’un climat propice pour se reproduire.
Quelques années en arrière, la moitié nord était épargné pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les conditions climatiques freinaient les colonies installées. Le grand froid (en dessous de – 16°C) tuait les chenilles. L’absence de continuité d’arbres appréciée par l’espèce constitue une barrière naturelle à sa progression.
Il faut savoir que la chenille processionnaire du pin ne se limite pas à un seul type de résineux. Selon L’INRA, la chenille peut se diriger vers les cèdres, les mélèzes, les sapins de Douglas et les différentes sortes de pins ( pin noir, pin sylvestre, pin parasol, etc.)
Processionnaire du pin – Portrait de famille
Le processionnaire du pin est un insecte de la famille des notodontidae et de la sous-famille des thaumetopoeinae. La chenille engendre un papillon de nuit de type Bombyx. L’imago, c’est-à-dire le papillon, a les ailes grisâtres, barrées de 2 lignes marron. Toute réflexion faite, nous connaissons davantage la chenille du processionnaire du pin que son imago.
Les papillons naissent durant l’été courant juillet aout. Les femelles fécondées captent et décodent des effluves des différentes espèces de pins. Elles pondent jusqu’à 200 œufs qu’elles emmaillotent autour d’aiguilles de pin. Il faudra un peu plus d’un mois pour qu’apparaissent les chenilles au stade larvaire. Elles fabriquent une enveloppe de soie qui les abritera durant leur croissance.
La chenille du processionnaire du pin atteint sa maturité au bout de 5 stades larvaires. À chaque mue, elle grossit et les poils s’allongent. Les poils sont urticants à partir de la troisième mue et jusqu’à la chrysalide.
À l’arrivée de l’hiver, le groupe se construit une enveloppe de soie isothermique qui sous l’effet de quelques rayons de soleil maintient la température autour de 20°C. Ces lépidoptères grégaires à l’état larvaire entameront leur procession en file indienne entre février et avril.
Ce qui est étonnant, c’est le mécanisme qui met en branle ce déplacement. Une femelle décide de quitter l’abri de soie et entraine avec elle tout le reste du groupe, la procession commence. Le but de ce déplacement est de trouver un lieu propice, plutôt chaud pour entamer la chrysalidation. Les conditions de température idéales pour la procession sont entre 10°C et 22°C.
Les propriétés urticantes des poils de chenille
Apparemment inoffensives, les chenilles processionnaires ont à leur disposition une arme redoutable, leurs poils. En effet, ils contiennent de la thaumétopoéine, une protéine urticante qui au mieux provoquent une allergie.
Dans certains cas de sensibilité, des réactions plus violentes peuvent être constatées. Il faut porter des lunettes étanches et un masque lorsque l’on souhaite approcher des nids de chenilles. Ce dispositif de protection permet d’éviter de léser les yeux et les poumons.
Dans les lieux infectés, il est préférable de ne pas laisser divaguer votre chien. Les chenilles qui se déplacent laissent des poils irritants au sol. L’animal qui les renifle risque sa santé. Vous remarquerez au passage que les nids de processionnaires du pin sont localisés aux lisières de pinèdes.
Les prédateurs naturels de la chenille processionnaire du pin
La nature est-elle désarmée face à cette invasion de chenilles processionnaires ? Je vous répondrais, pas du tout ! Certains oiseaux insectivores sont spécialisés dans la chasse aux chenilles. Parmi elles, citons la huppe fasciée, le coucou et la mésange charbonnière. Une des astuces consistant à lutter contre ce fléau est d’installer (par exemple) dans les zones touchées par la chenille processionnaire, des nichoirs à mésange.
Ce passereau n’est pas incommodé par les poils urticants. Les mésanges en consomment une très grande quantité lors de la nidification. Il régule en quelque sorte leur population. Si suffisamment de nichoirs sont posés, les oiseaux peuvent complètement nettoyer une parcelle infectée. On en revient à cette notion de biodiversité entretenue et développée par les collectivités ou les particuliers.
Quand la nature ne suffit plus
Lorsque les recours naturels ne suffisent plus à contenir la progression de l’insecte, la lutte consiste à utiliser des moyens chimiques et mécaniques. Des pièges à phéromone ont la particularité d’attirer les papillons mâles pendant l’été, lorsque l’imago se déplace à la recherche d’une femelle.
Les effluves captés par le mâle le dirigent vers le piège. Le but étant de lui faire croire qu’il va trouver une partenaire. Il entre dans le piège contenant la phéromone et ne parvient plus à en sortir. De cette manière, plus il y aura de mâles capturés, plus les chances de reproduction seront faibles.
La seconde méthode consiste à utiliser un écopiège qui de manière propre piègera les chenilles processionnaires. Cela consiste en un cerclage de l’arbre avec un système de collerette trouée à partir duquel deux tuyaux descendent vers des sacs plastiques destinés à emprisonner les larves. Le problème résultant de ce procédé est que toutes les chenilles (quelques soit l’espèce) se trouvant sur l’arbre seront piégées lors de la descente pour la phase nymphose.
Progression des chenilles processionnaires en France
Dans l’état actuel des choses, la chenille processionnaire du pin a atteint la capitale, Paris. Elle va probablement traverser notre pays, selon les scientifiques, pour côtoyer des pays plus nordiques. Seul, le froid des hivers stoppera leur avancée.
Sur le graphique ci-dessous, nous voyons la situation à 2014 pour le bassin parisien.
J’espère que cet article sur la chenille processionnaire du pin vous aura éclairé un peu sur les solutions apportées lors d’invasions. N’hésitez pas à partager vos idées sur le sujet.
Crédit photo : Makamuki0
Avez vous essayé les hôtels à chauves souris car elles se nourissent de papillons la nuit?
Non, mais c’est une idée de plus à retenir !
Bonjour.
Bon article bravo.
Il y a aussi la mésange bleu et la mésange à longue queue qui sont apparement friandes de ces petites bêtes.
Les chauves souris aiment ça aussi. Nous avons la possibilité de placer des hôtels à chauve souris dans les arbres. Celles ci s’attaquent au papillon donc je trouve le principe intéressant.
Il faut agir à tous les stades si on veut que la lutte soit « totale ».
Le fait de placer les pièges à phéromones est bien et pas bien : si on a un arbre et que les voisins n’en ont pas c’est bon. Par contre si vous habitez dans une zone où il y a beaucoup de pins et que vos voisins ne font rien vous risquez au contraire d’attirer (a ce qu’on m’a dit) les papillons chez vous et de vous retrouver avec plus de nids.
Il y a d’autre techniques. Je me suis déjà renseigné à ce sujet les billes de phéromones pour créer une confusion sexuelle. Technique extrêmement coûteuse… tout comme la pulverisation
Enfin pour terminer je pense que la sensibilisation à ce sujet n’est pas vraiment là.
Attention aux enfant et aux animaux!
La solution ne peut être que global que…si tout à chacun l »applique à tous les niveaux (avant, pendant et après) avec les différents moyens évoqués.
Je pense que la sensibilisation passe par la connaissance de la vie de l’insecte. Sans celle-ci, les risques sont encore plus grand par méconnaissance.
Mésanges et chauves souris sont des prédateurs naturels qu’il convient de favoriser, bien sûr.
Merci pour votre témoignage qui contribue à la sensibilisation.
Ces chenilles processionnaires du pin peuvent avoir de très graves conséquences pour les animaux, (chiens chats, et aussi tous les ruminants… car si ces derniers les lèchent, ou broutent l’herbe où elles sont passées ils peuvent avoir des œdèmes, la truffe et la langue nécrosées… et ne pourront plus s’abreuver ni se nourrir… Je me souviens du stade de notre collège sous les pins : les cours de sports devenaient chaque année, à la même période, des traques aux chenilles, allumettes et briquets en main… notre professeur les brûlait… il n’y a jamais eu d’accidents, mais ça aurait pu…
Merci Djamal, pour ton article, très intéressant, heureusement que la recherche a fait des progrès, car il semble que les pièges soient assez efficaces…
je saurai aussi reconnaître le papillon adulte… avec les deux bandes marron…
Mais les éliminer entièrement ne serait pas non plus la solution, car certains oiseaux semblent ne pas y être sensibles, ou du moins sont immunisés comme les mésanges, les coucous, la huppe fasciée et certaines espèces de chauve-souris… pourquoi ne pas concevoir des pièges qui récupèrent effectivement les chenilles et un système qui permettraient aux mésanges et autres prédateurs naturels de se nourrir… sans que les chenilles ne puissent retourner dans la nature… plutôt que de les détruire sans les offrir à leurs prédateurs naturels ?… Petite coopération humain-nature, … ça changerait d’optique ?
Brigitte, je suis entièrement d’accord avec cette vision des choses. Si on remettait la vie sauvage en place en favorisant les espèces qui soutiennent l’action de régulation, nous aurions pour le cas présent, moins de problèmes !
Merci pour ta réflexion que j’applaudis des 2 mains 🙂
Bonjour, Merci pour cet article !
Ayant un pin dans notre jardin, nous utilisons l’écopiège et le piège à phéromone. Concernant ce dernier, nous avons eu la désagréable surprise, l’été 2016, de découvrir un oreillard mort dans le piège. Il a dû y entrer en poursuivant un papillon et n’a pas réussi à en sortir. Depuis, nous avons installé un petit grillage qui descend dans le piège afin de permettre à une autre chauve-souris qui s’y aventurerait d’en ressortir (il faut juste que le morceau de grillage ne touche pas l’eau pour que les papillons, eux, ne puissent pas ressortir).
Il peut être intéressant de faire savoir à d’éventuels utilisateurs que cette simple modification peut sauver la vie d’une chauve-souris.
cordialement.
Merci Florence pour ce conseil plein de bon sens et de respect de la nature.
Au plaisir de vous relire.
Naturellement vôtre
Djamal
Superbe animal. Il me semble que l’espèce, craignant le froid, a failli disparaître lors de la dernière glaciation. Seule deux poches ont résisté, une en Espagne, une en Italie. Elles ont depuis reparti à la reconquete du continent. Le plus dur était de franchir les Alpes et les Pyrénées. Histoires à vérifer…
Un autre article sur les CCP