Sphinx bourdon (Hemaris tityus) – Sphinx de la scabieuse

Le sphinx bourdon (Hemaris tityus) appelé aussi sphinx de la scabieuse est un papillon diurne de la famille des hétérocères. Papillon en voie de raréfaction en Ile de France, j’ai eu le plaisir de le photographier en forêt de Fontainebleau. Cet insecte est pour moi un symbole de la perte de la biodiversité. J’observe les papillons depuis mon enfance, mais ce n’est que la deuxième fois que j’ai la chance d’observer ce trésor dans son milieu naturel. Mais laissez-moi vous présenter le sphinx bourdon.

Vivre ou mourir

Normalement, le papillon dépend de sa plante hôte (ou de plusieurs) pour assurer la pérennité de son espèce. Sa présence est vitale au sphinx bourdon pour la ponte des œufs. D’autre part, Hemaris tityus a besoin de fleurs sauvages bien particulières pour se nourrir.

 

Il butine uniquement sur les fleurs bleues, rouges et violettes. Ces fleurs sauvages poussent dans des biotopes ouverts et sauvages (sans traitement chimique). Parmi ces plantes, on trouve la scabieuse, la sauge, la vipérine, les véroniques et la vesce commune (comme le montre la photo ci-dessous).

 

 

Le problème est le maintien des prairies fleuries et même leur existence tout court. Ailleurs dans l’hexagone, ce papillon aux allures de bourdon trouve plus facilement un environnement qui lui convient. En région parisienne et plus particulièrement en Seine-et-Marne, leur présence est très localisée, car les milieux pouvant l’accueillir sont rares. Et puis, il y aussi un manque d’observateur  pour rendre compte d’un état réel de la situation. Ce cocktail ne contribue pas à la survie du magnifique sphinx bourdon.

Voilà 2 ans que je suis une petite population de sphinx de la scabieuse. Après avoir fait des recherches, je pense que cette présence est passée inaperçue. Je me demande même si je suis le seul à en connaitre l’existence et avoir eu l’occasion de les voir butiner.

Description du sphinx bourdon

La particularité de ce papillon diurne est sa petite taille comparée au sphinx du chèvrefeuille (appelé aussi sphinx gazé) ou au moro sphinx. Il mesure 2 à 2,5 cm de long pour une envergure de 4 à 5 cm. Comme son cousin le gazé, ses ailes sont transparentes au centre. Ce qui le distingue par contre est la bordure des ailes brun foncé et rouge pour le gazé.

Alors que le gazé à une bande rouge vif sur l’abdomen, le sphinx bourdon lui a une bande noire et une fine ligne bleue au-dessus. Le bout de son abdomen est orange souligné d’un liseré noir. Inoffensif, bien que ressemblant à un bourdon, c’est bien un papillon !

Comme tous les membres de cette famille des Sphingidae, son corps robuste actionne de puissants muscles qui le propulsent rapidement lors de ses déplacements. Le suivre du regard n’est pas toujours facile, car il modifie sa trajectoire si rapidement qu’on le perd au bout de quelques secondes.

La femelle pond sur la scabieuse, le chèvrefeuille, le gaillet entre autres. Sa chenille est grosse, grande avec une corne à l’extrémité. Elle est inoffensive ! Si vous en trouvez une ressemblante à cette description, laissez là où elle se trouve. Soit elle continuera son processus de développement, soit elle cherchera une cachette pour entamer sa chrysalidation (nymphose).

Ode à la beauté

Comme vous l’avez compris, la découverte (car s’en est une) de cette petite population de sphinx bourdon m’a rendu heureux dans un premier temps. Je n’aurais jamais imaginé en rencontrer ici sur le massif forestier. Les photos faites, ma réflexion sur le sort de cette espèce m’a rendu perplexe.

Aujourd’hui, on couche sur le papier des textes pour expliquer qu’on protège un écosystème et certaines espèces. Dans les faits, ce n’est pas toujours le cas ! Il y a un grand écart entre la volonté de protection et le manque de moyen pour l’appliquer. Je ne peux pas vous en dire plus, mais, cela me rend malade de voir que le blabla marketing sur la protection des espèces animales, végétales ou de biotopes est bien souvent illusoire. J’ai hésité à vous communiquer cette information, car je me suis demandé si cela servirait à quelque chose.

Faut-il dire ou bien cacher l’existence de certaines espèces pour leur protection ? Telle est la question…

J’ai appelé ce paragraphe ode à la beauté pour souligner le contraste frappant entre cette nature belle et fragile que représente le sphinx bourdon et les perspectives du déclin de nombres d’animaux et plantes détruit par l’homme.

Pour terminer le coup de cœur que j’ai eu pour ce papillon incroyable, je vous montre comment ce sphinx était au moment où je l’ai trouvé. La nature n’est-elle pas formidable ?