Je vous présente Chamaesphecia sp., un petit papillon jaune et noir de la famille des Sesiidae. Il peut s’agir de la Sésie tenthrède (Chamaesphecia Tenthrediniformis) ou de la Sésie empiforme (Chamaesphecia Empiformis). La détermination de ces lépidoptères est compliqué. Typiquement sans contrôle des organes génitaux, l’identification est hasardeuse. Quel que soit son nom, ce fut ma première rencontre avec ce curieux insecte en forêt de Fontainebleau. Mais laissez-moi vous donner quelques détails sur la bestiole.
La famille des Sésies
Ce groupe de lépidoptère méconnu comprend 56 espèces en France et 108 en Europe. Combien d’espèces de Sésies trouve-t-on en Île-de-France ? La région parisienne recense 25 espèces. En plus, ce sont des papillons diurnes (de jour) mais qui sont difficiles à identifier à cause de leur taille ou de leur apparence. En effet, certains ressemblent à des guêpes.
Étonnamment, la durée de croissance larvaire est très longue pour un si petit papillon puisqu’il dure d’une à quatre années. La chenille s’attaque à la partie souterraine de la plante ou dans le tronc d’un arbre.
Détecter la présence de Sésies dans son environnement
Les entomologistes qui étudient ces papillons sont unanimes ! Il est particulièrement difficile d’obtenir des observations. La taille de ces insectes, leur mode de vie, leur ressemblance avec des mouches ou des guêpes n’aident pas. De plus, chacune des espèces de la famille des Sésies vole à des moments précis de la journée. Et parfois, d’autres ont des créneaux horaires serrés qui rendent la détection compliquée.
On sait depuis un moment déjà que si on veut avoir une idée des espèces présentes sur un site, il faut utiliser un subterfuge. En effet, l’emploi de phéromones de différentes sortes appliquées aux bonnes heures de la journée avec une bonne météo produit des résultats spectaculaires. Les mâles attirés par la supposée présence de femelles se dirigent droit dessus.
Description
La photo ci-dessous agrandit la véritable taille de ce micro papillon. En fait, la longueur est de 13 à 14 mm en comptant les antennes. Son envergure avoisine les 20 mm. Les longues antennes noires sont recourbées vers le bas. La tête est de couleur rouille. Le corps est bicolore, jaune et noir. Les ailes nervurées comportent des parties transparentes. Rien dans l’apparence de cette Sésie ne laisse penser à un papillon. Son apparence tient plus de la guêpe (hyménoptères) que de l’inoffensif papillon.
Habitat
Ayant peu de documentation sur cette Sésie, je vais vous décrire l’habitat dans lequel j’ai photographié ce papillon d’Île-de-France. Je l’ai trouvé sur un talus à 30 ou 40 cm du sol, perché sur une tige. En fait, je suis passé à côté sans vraiment le voir. Mais une tache jaune m’a intrigué et j’ai fait demi-tour pour vérifier la chose. L’insecte immobile se trouvait à proximité d’une zone dégagée en lisière. Un chemin sillonnait le lieu, bordé de chaque côté, par de la prairie sauvage sur sol sableux. Donc, cela correspondrait à une habitat mi-ombre et mi-soleil où pousse les plantes hôtes.
Plantes hôtes
La ponte de la femelle de la Sésie tenthrède a lieu sur plusieurs espèces d’euphorbes comme l’euphorbe petit-cyprès (Euphorbia cyparissias), l’euphorbe acre (Euphorbia salicifolia) et l’euphorbe à feuille (Euphorbia virgata). Les chenilles sont blanchâtres et de petite taille. Elles ressemblent à des vers blancs.
Période de vol en forêt de Fontainebleau
Si je me réfère à l’horodatage de mes photos, je dirais que la Sésie (Chamaesphecia sp.) vole entre les mois de mai et juin avec possibilité de déborder sur juillet.
Quel est le nom de cette Sésie ?
En conclusion, que dire sur le nom de l’espèce que j’ai pris en photo ? Subjectivement, je suis partie dans l’idée d’avoir la Sésie tenthrède dans cet article. Il restera un doute sur la détermination. Mais dans tous les cas, j’ai rencontré un papillon de jour hors du commun. Est-il rare ? Je n’en sais rien, car pour le savoir, il faudrait prospecter les départements d’Île-de-France sur plusieurs années pour avoir un suivi fiable des populations.
Vu les contraintes imposées pour simplement les observer, je crois que les Sésies garderont une part de leur mystère.
Si le sujet vous intéresse, voici une étude intéressante sur les Sésies de Seine Saint-Denis.
il faut avoir des yeux de lynx, ou d’expert , comme vous, pour repérer de tels insectes ! merci Djamal !
Merci d’avoir pris le temps de me lire Nelly !
Je m’intéresse aux papillons mais je n’avais jamais entendu parlé des Sésies. En particulier, ils n’étaient pas mentionnés dans les quelques livres sur le sujet que j’ai consultés. D’où l’intérêt que j’ai éprouvé pour votre présentation. Est-ce que le spécimen que vous avez photographié cherche à imiter une espèce bien précise de guêpe, comme le font certaines variétés de mouches pour se protéger des prédateurs ?
La famille des Sésies comporte beaucoup d’espèces ressemblant à des hyménoptères (guêpes ou mouche).
Comme ce sont des papillons de jour, leur survie dépend du subterfuge de leur « costume », donc…
Une merveille que je viens de découvrir ! en effet, on pourrait sans la connaître, la prendre pour un autre insecte ! Avez-vous eu la possibilité de voir ses ailes déployées ? en tout cas, merci pour cette découverte, je serais plus attentive dorénavant lors de mes promenades.