Avec Nicrophorus vespilloides, je vous présente un coléoptère nécrophage peu banal ! En effet, cet insecte de la famille des Silphidae noir et orange comporte de nombreuses singularités. Du genre Nicrophorus, il appartient à une famille de 8 membres qui ont des traits communs. Mais voyons, l’espèce qui nous intéresse aujourd’hui.
Description
Ce coléoptère noir et orange mesure entre 10 et 12 mm. Il comporte 2 taches orange sur les élytres, une grande sur le haut et une petite sur le bas. Contrairement aux autres espèces lui ressemblant (N. interruptus, N. investigator, N. sepultor, N. vespillo, N. vestigator), celui-ci est le plus petit. Les antennes en forme de peigne sont noires et sont typiques de cette espèce. Mâle et femelle présentent peu de dimorphisme sexuel.
Le bout de l’abdomen se termine en pointe. Le pronotum entre la tête et le reste du corps ressemble à un petit bouclier. Les pattes noires sont munies de petites griffes permettant de grimper facilement. Sous les élytres se cache une paire d’ailes lui permettant de se déplacer jusqu’à sa source de nourriture.
Vous avez surement remarqué les bestioles sur son dos. Je vous en parle un peu plus loin.
Habitat
Il est plus fréquent de rencontrer ce nécrophore en forêt et dans les bois qu’en milieu ouvert. D’ailleurs, c’est dans ce biotope forestier de Fontainebleau que j’ai photographié cet insecte.
Méthode d’alimentation
Ce nécrophage des bois ne fait pas dans la dentelle. Il nourrit de cadavre et donc a un rôle majeur dans l’écosystème forestier pour nettoyer le sol des bactéries contenues sur les bêtes mortes. Donc, leur présence est signe de bonne santé de l’écosystème. Ils sont un des maillons essentiels de la chaine alimentaire.
Reproduction
Avec la reproduction, on arrive dans la singularité de Nicrophorus vespilloides. En effet, lorsque le mâle a trouvé un cadavre d’oiseau ou de mammifère (souris, mulot, écureuil, lapin, renard, blaireau, chevreuil, etc.), il se place sur celui-ci et émet une phéromone qui va attirer la femelle. Cette technique permet d’assurer à l’espèce une descendance !
Pourquoi cela ?
Cette attraction olfactive permet au couple réuni de s’accoupler. La femelle pond ses œufs près du cadavre du vertébré. Les viscères seront préparés pour les larves. Chose étonnante, les adultes reproducteurs resteront à proximité pour nourrir les futures larves dans les premiers stades de leur développement.
Autre particularité, les larves quémandent leur nourriture uniquement auprès d’adultes reproducteurs et pas aux autres. Cette subtilité permet aux larves d’avoir un peu plus que si leurs seuls parents les nourrissaient. En fait, pour ne pas se faire manger par un adulte, elles se servent de capteurs chimiques qui leur permettent de faire le distinguo entre le « bienfaiteur » et le « tueur potentiel ».
Acariens phorétiques
Les petites bêtes que Nicrophorus vespilloides transporte sur son dos sont des acariens. Ils ne sont pas parasites au sens où nous l’entendons, car ils ne se nourrissent pas de l’hôte. Ainsi, on utilise le terme d’acarien phorétique pour désigner le mode d’association qui consiste à se faire transporter vers les sources de nourritures communes. Le coléoptère devient un transport en commun pour ces minuscules bestioles. Cependant, la quantité d’acariens peut gêner le coléoptère lors de ses déplacements, car il occasionne une dépense d’énergie supplémentaire.
Ce nécrophore fossoyeur contribue à la santé du biotope dans lequel il évolue. La nature est bien faite, n’est-ce pas ! Il est donc un petit rouage dans cet équilibre fragile et mérite à ce titre d’être préservé.
Sources bibliographiques
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicrophorus_vespilloides
https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/cet-insecte-pratique-la-mendicite-selective_100534