Le crapaud commun (Bufo bufo) est de la famille des Bufonidae est un batracien commun au physique ingrat. Couvert de verrues saillantes, ce crapaud trapu fréquente les milieux forestiers, mais aussi les jardins et parcs. Mais faisons un peu mieux connaissance avec cet anoure utile qui colonise un peu tous les biotopes de nos régions.
Avant le printemps
Le mois de février sonne le temps des amours du crapaud. Sorti de sa cachette hivernale, ce batracien entreprend d’aller vers la mare ou l’étang le plus proche. De fait, les prémices du printemps se remarquent déjà dans les milieux humides. Un à un les amphibiens se rassemblent dans l’eau pour un ballet amoureux et parfois mortel pour les femelles.
Reproduction
J’aurais pu titrer « Le temps des amours » pour désigner la période de reproduction du crapaud commun. Mais le terme anoure qui désigne les amphibiens sans queue s’applique bien à l’évènement principal de l’année. Durant une dizaine de jours, entre février et mars, les crapauds migreront tous vers leur site de reproduction. Certains parcourront plusieurs centaines de mètres voir plus du kilomètre afin de perpétuer l’espèce. De leur habitat forestier, ils rejoindront l’écosystème humide le plus proche à cette fin.
Malgré le froid, ils affronteront les dangers inhérents à leurs déplacements. Car bien souvent, pour atteindre les mares de reproduction, ils doivent traverser des routes. La circulation routière fait des dégâts un peu partout sauf quand des crapauducs existent. Ces installations efficaces limitent vraiment la mortalité des batraciens.
Le crapauduc de Sorques
Au sud de la forêt de Fontainebleau, près de l’ENS de Sorques est installé depuis des années un crapauduc sur plusieurs centaines de mètres destiné à conduire les bêtes vers un seul point de passage. Sur la longueur est installé un obstacle suffisamment haut pour empêcher les crapauds communs de les franchir. Se trouvant dans l’incapacité d’effacer l’obstacle, les amphibiens forestiers cherchent le moyen de le contourner. Ils longent la bâche déployée pour arriver un moment donné dans une fosse dans laquelle ils tombent. Ils sont récupérés et laissés libres de l’autre côté de la route par des personnes suivant le dispositif.
Plusieurs milliers de crapauds communs et grenouilles rousses sont ainsi sauvés par ce moyen. En forêt de Fontainebleau et à proximité, il y a 2 principaux crapauducs (Sorques et marais de Larchant). Pour découvrir la localisation de ces dispositifs en Île-de-France, je vous propose la cartographie du site Natureparif.
Description
Tout le monde a déjà vu le crapaud commun qu’il faut distinguer du crapaud calamite ou du crapaud accoucheur. Il est généralement plus grand, plus massif. Cet amphibien se distingue avec l’iris de l’œil orange et une pupille horizontale. Les autres espèces citées sont plus petites et l’iris du crapaud calamite est vert par exemple.
La couleur de sa peau s’articule autour de 3 teintes, le vert kaki, le gris ou le brun. Il possède des glandes à venin sur la peau destinées aux prédateurs qui souhaiteraient le manger. Ces petites verrues lui donnent un aspect dissuasif. Bufo bufo est inoffensif pour l’homme, donc pas de crainte lorsque vous en trouvez un.
Sa taille varie selon son lieu de naissance. Dans le nord, les individus sont plus petits que dans le sud. Par exemple, en forêt de Fontainebleau les mâles adultes mesurent 7 à 8 cm alors que les femelles peuvent avoir 2 cm de plus. Il m’est arrivé de voir une femelle de près de 15 cm au bord de la rivière Hérault (34).
Que mange le crapaud commun au jardin ?
Le crapaud commun est un excellent auxiliaire du jardin. Il est utile, car il consomme les limaces, les vers, les chenilles notamment. Sa présence indique qu’il trouve dans votre environnement de quoi s’alimenter. Quand il mange, ses yeux se ferment et rentrent à l’intérieur comme des phares qui se replient sur certaines voitures anciennes. Il se jette sur sa proie si elle est en mouvement. Il chasse à l’affût, car il est plutôt lent.
Mode de vie
Durant toute l’année, le crapaud commun vit seul dans un recoin des bois ou même dans votre jardin sous un tas de bois ou dans la remise. Étant un animal nocturne, ce batracien sort à la nuit tombée pour se nourrir. Combien de fois, vers 22 h 30, je suis sortie dans le jardin avec ma lampe frontale à la recherche des crapauds entre février et mars. J’ai un petit bassin préformé qui attire les crapauds du coin. Quel plaisir de les entendre coasser lors de la reproduction. Par contre, ne vous attendez pas à la puissance vocale de la grenouille verte avec notre grand timide, puisque son chant est doux et presque imperceptible. Il faut tendre l’oreille pour l’entendre.
Si vous trouvez une aire de regroupement en saison de reproduction, vous assisterez à un des rares spectacles que la nature nous offre. Dès les berges, les crapauds mâles se jettent littéralement sur les femelles présentes. Il arrive que plusieurs mâles agrippent une même femelle pour s’accoupler. La surface de l’eau grouille d’effervescence. Coassements et bagarres animent le lieu durant toute la reproduction. Les femelles déposent leur chapelet d’œufs autour de la végétation. Ensuite, ils se séparent pour faire le trajet retour vers leur lieu de vie. La ponte donnera naissance à des têtards sombres. Durant leur vie aquatique, les têtards utiliseront leurs branchies pour respirer. Ce n’est que lorsque les pattes auront poussé que la sortie du milieu aquatique se fera. Dès lors, chacun mènera sa vie jusqu’à l’année prochaine.
LE SAVIEZ-VOUS ? Le crapaud commun peut vivre plus de 10 ans.
Quelques mois plus tard, aux alentours du début juin, les crapelets sortent de l’eau et s’éparpillent dans la végétation environnante. Il est courant de les voir groupés au sol lors de journées froides. Maintenant, quand vous verrez un crapaud commun, vous penserez aux dangers qu’il a du affronter, aux prédateurs évités et aux efforts consentis pour arriver jusqu’à vous.
Protégez-le et donnez-lui la sécurité qu’il mérite !