Surveillance du Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) le rapace piscivore

Qualifié d’aigle pêcheur, le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) est un grand rapace diurne piscivore. Cet oiseau de grande envergure fait chaque année des passages sur les grands plans d’eau de la forêt de Fontainebleau. Ce migrateur fait tourner la tête de plus d’un photographe animalier pour le spectacle qu’il offre lors des séances de pêche. Mais voyons quel est son histoire en France.

Description

La morphologie du Balbuzard pêcheur est unique parmi les rapaces diurnes de France. Il s’agit d’un des plus grands rapaces de plaines avec une envergure comprise entre 145 et 170 cm pour une longueur allant de 50 à 60 cm. Il existe un dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle. Tout d’abord le poids qui est plus important chez cette dernière qui peut aller jusqu’à 2 kg environ alors que le mâle atteint 1,2 kg.

 

Ensuite, on constate des différences sur le plumage. Par exemple, quand on lève la tête sur un de leur passage, on peut observer le plastron se trouvant sous la gorge de l’oiseau. Sur cette partie, la coloration des plumes du mâle est généralement claire, voire blanche alors que pour la femelle le plastron sera brun. Ces détails morphologiques peuvent varier selon les individus. Sous les ailes, cette dernière possède une barre brune que n’a pas le mâle. La queue carrée est barrée. Le dessus du dos et des ailes sont bruns chez les adultes.

 

Balbuzard pêcheur mâle (Pandion haliaetus) le rapace piscivore
Balbuzard mâle

La tête est blanche avec un masque brun aux niveaux des yeux jaunes. Ils sont pourvus d’un solide bec crochu noir. Et pour terminer, les longues pattes sont d’un gris bleu avec aux extrémités des serres d’au moins 3 cm de long. Pour résumer, nous sommes devant un oiseau pêcheur de grande envergure avec une tête fine, de longues pattes armées de serres acérées.

Le plumage des juvéniles est sensiblement le même que ceux des adultes à la différence qu’il semble écailleux sur le dos. Cette particularité disparaît au bout de 14 à 16 mois lors de la seconde mue d’automne.

Habitat

On peut l’observer sur les axes fluviaux comme la Loire ainsi que sur les lacs, étangs et grands plans d’eau de la région Val de Loire notamment. J’ajouterais qu’en Corse quelques couples nichent sur les falaises rocheuses bordant la mer. En dehors de la période de reproduction et pendant sa migration annuelle, il est visible aléatoirement un peu partout où le poisson se trouve.

Alimentation

Ce rapace diurne a un régime alimentaire à base de poissons. Une étude conduite par le Muséum d’Orléans (Rosoux, Libois, & Schweyer, 2010) montre que ke Balbuzard pêcheur consomme une vingtaine d’espèces de poissons en eau douce. Quand il est en zone côtière, il se concentre sur les mulets, les sars et les saupes qui représentent 95 % de son alimentation.

Méthode de pêche du balbuzard

La méthode de pêche est simple. Elle consiste à survoler le plan d’eau entre 15 et 25 m de haut à la recherche de poissons se trouvant à la surface ou à faible profondeur. Il effectue parfois un vol stationnaire pour localiser sa proie. Quand il l’a trouvé, il replie ses ailes lors de la descente en piqué. Au fur et à mesure qu’il approche de l’eau, il tend de longues pattes, serres grandes ouvertes. Ses ailes sont alors complètement dépliées, perpendiculaires à la surface de l’eau. Et c’est un bouillon d’écume que l’on aperçoit l’oiseau ressortir tête la première. Avec l’impulsion d’ailes puissantes, il s’extrait de l’eau emportant avec lui parfois des cyprinidés (brèmes, carpes, gardons) de 30 à 40 cm.

Piqué du balbuzard pêcheur sur le poisson serres en avant
Cible verrouillée à la surface de l’eau

Pour avoir assister à ce genre de spectacle naturel, je reste toujours étonné par leur capacité à s’extraire du milieu liquide et d’emporter une telle charge qui peut représenter un tiers de son poids. Parfois, il adopte la technique du raz motte. En effet, il descend progressivement vers la surface et vient accrocher le poisson peu méfiant. Dans ce cas, il n’a pas plongé (voir la photo ci-dessous) !

Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) sortant un poisson de l'eau
Pêche réussie pour le Balbuzard

Période de présence

La présence des couples se fait entre fin février et début avril correspondant au retour migratoire. Les adultes quittent leur aire de reproduction au cours du mois d’août.

Reproduction

Les couples sont généralement fidèles à leurs aires de nidification. Donc à leur retour, ils trouvent une structure qu’ils ont aménagée les années précédentes. Ils la réparent et l’aménagent pour accueillir la nouvelle ponte. Il a été observé en Europe, 3 types de structures accueillant les nids. En forêt d’Orléans, au début, il y a eu le sommet de résineux qui offraient une vue dégagée aux oiseaux. Il est fréquemment noté qu’ils utilisent aussi les pylônes électriques ainsi que les plateformes construisent par l’homme. En Corse, les couples bâtissent leur nid sur un éperon rocheux battu par les vents, mais donnant un point d’envol facilité.

Après les accouplements, la femelle pond 2 à 3 œufs pouvant être couvés pendant 40 jours. À leur naissance, les poussins reçoivent les soins des adultes pendant près de 2 mois. Après l’éclosion, c’est le mâle qui se charge d’alimenter en poisson la femelle qui distribuera par petites becquées les oisillons. Arrivés à la taille des parents, avec un plumage similaire, les premiers exercices de vol commencent sur le nid. Le nourrissage commence alors à ralentir pour inciter les petits à suivre les parents dans leurs pêches. Une fois l’apprentissage réalisé, les adultes entament leur déplacement migratoire.

Espérance de vie

Rendez-vous compte, ce rapace diurne à une espérance de vie de 20 à 25 ans. Sa durée de vie est estimée à partir des relevées de bagues sur les pattes des volatiles.

Cri du balbuzard pêcheur

Contrairement à son apparence, les cris du balbuzard pêcheur ressemblent à l’appel de poussin lorsqu’ils ont faim et pas à de grands oiseaux comme cela. Je vous laisse découvrir cela avec ce lien.

Où migre le Balbuzard pêcheur à la fin de l’été ?

Pour résumer la situation, deux cas de figure se présentent. Soit les oiseaux quittent la France pour descendre en Espagne ou au Portugal pour passer l’hiver. Il y a aussi ceux qui hivernent en Afrique de l’Ouest. Depuis quelques années, certains ne quittent pas le territoire, mais se rapprochent des bandes côtières atlantiques. Donc, le kilométrage couvert va de quelques centaines de kilomètres à plusieurs milliers de kilomètres.

Histoire d’un disparu qui réapparaît

Pour la France continentale, l’espèce est donnée comme disparut à la fin du XIXe et le début du XXe siècle. La dégradation des écosystèmes et des ressources naturelles générés par les activités humaines est la cause de cette disparition. Le même phénomène s’est produit en Corse au cours du même siècle. Mais la nature nous offre parfois des surprises.

Ce fut le cas avec le retour spontané de 2 couples dans la péninsule de Scandola dans les années 1970 et en 1984 d’un couple nicheur en forêt d’Orléans. Depuis, les effectifs augmentent peu à peu. Des mesures de protection sont menées un peu partout pour assurer le suivi de ces rapaces piscivores. Pour accueillir les couples sur certains sites favorables dans le Loiret, mais aussi en Île-de-France (Essonne), des plateformes ont été construites. Les oisillons sont bagués pour le suivi migratoire et temporel.

Où l’observer en direct ?

Si ne le connaissez pas, je vous propose un lien qui vous permet d’observer le nid un couple à l’aide d’une webcam. Je vous présente Balbucam où il est possible de les voir évoluer et nourrir les poussins jour après jour. Le nid commence à être déserté au cours du mois d’août ! Dans ce cas, mettez ce lien en favori pour la prochaine saison de reproduction.

Statut de l’espèce

Ce rapace est inscrit à l’annexe de la directive I qui prévoit que l’état prend des mesures spéciales pour protéger leur zone de vie. Par voie de conséquence, les oiseaux eux-mêmes font l’objet d’une protection. Des mesures conservatoires sont inscrites dans ces directives pour cette espèce qui revient de loin. Je vous conseille la lecture bien documentée du PDF sur le dernier lien. Vous y trouverez tous les renseignements sur cet incroyable pêcheur de poisson.

Sources

4 commentaires

  1. Bonjour Djamal,

    Comme toujours : Excellentes photos 🙂 … Comme toujours.
    Je n’ai jamais vu ce rapace à Fontainebleau car je ne vais que rarement du côté de la plaine de Chanfroy où il y a des nappes d’eau. Voici une idée pour ma prochaine rando!

    Vu la météo, il y aura peut-être des champignons en plus d’ici 1 mois. (Je croise les doigts)

    Merci encore
    Jean Rossi (Amoureux de la forêt de Fontainebleau depuis 1996)

  2. Que de merveilles de dame nature et quels superbes clichés Djamal !
    Pas besoin de rester des heures sur une barque en espérant faire ripaille, lol, un bon coup de serres et miam miam…

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