De la famille des Lycénidés, la Thècle du chêne (Neozephyrus quercus) est pour moi un des plus exceptionnels papillons de jour de la forêt de Fontainebleau. Sa forme, ses couleurs et son mode de vie font de cet insecte volant une merveille de la nature. Voyons ce que ce lépidoptère a à nous montrer.
Description
L’envergure de cette espèce sylvicole est comprise entre 30 et 35 mm. Son identification est aisée, car dans la famille des Thècles, il y en a pas 2 lui ressemblant. Par contre, son mode de vie rend son observation compliquée ! Pour vous aider, voici quelques critères morphologiques et descriptifs pouvant vous aider.
Dans la végétation, il devient imperceptible quand il conserve les ailes relevées. La teinte des faces externes des ailes est gris pâle. Une ligne blanche soulignée de trait foncé traverse le milieu des ailes postérieures. Une double ligne blanche et grise complète les motifs. Le Thècle du chêne est muni d’un appendice caudal (queue). Un point noir cerclé d’orange ainsi qu’une coche orange viennent terminer l’habillage.
Les massues (bout des antennes) sont marron. Là où la magie opère avec cette espèce est le dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle. Là où cette dernière arbore une teinte brune claire à gris anthracite avec de chaque côté, une tâche iridescente bleu violet sur la face interne de l’aile postérieure, le mâle, lui dévoile cette iridescence sur l’ensemble des faces internes avec une frange noire tout du long. Si vous avez l’occasion d’en voir un, je vous garantis que vous n’en reviendrez pas !
Biotopes
La présence de différentes espèces de chênes (Quercus humilis, Quercus petraea, Quercus robur) conditionne l’habitat de Neozephyrus quercus. En effet, l’espèce se maintient dans les endroits doux, mais pas trop chaud. Les lisières bien ensoleillées sont souvent choisies pour stationner à bonne hauteur dans les frondaisons. C’est principalement la raison qui donne cette impression de rareté. En effet, ayant l’habitude de surveiller son territoire au sommet des chênes, les imagos passent inaperçus.
Leur petite taille et la couleur claire du dessous des ailes ne facilitent pas la détection des individus. Il faut donc lever la tête pour surveiller l’activité autour de certains arbres pour se rendre compte de leur présence. Seule une prospection assidue à la bonne période vous offrira la chance de voir ce petit papillon. Sachez que ce papillon diurne est présent quasiment sur tout le territoire français.
Période de présence
Le cycle annuel du Thècle du chêne se déroule sur une seule génération. Elle est dite univoltine. En Seine-et-Marne (Île-de-France), la période de vol constatée se situe entre fin juin et août.
Sources de nourriture
Contrairement à la majorité des lépidoptères qui se nourrissent de nectar, leur principale source de nourriture est composée de miellat de pucerons. Il est possible aussi de le voir boire la rosée dans la couche basse de la végétation. De temps à autre, cet habitant de la canopée bellifontaine fait des incursions sur les plantes présentes comme les ronces ou sur les fruits mûrs de saison.
Plantes hôtes
Comme je l’ai indiqué plus haut, la femelle choisit le chêne pour déposer ses œufs un à un. Ceux-ci passeront l’hiver avant l’émergence des petites chenilles. La ponte peut être déposée sur de jeunes plants en régénération qui offre aux chenilles des poussent tendres à grignoter au printemps. Les larves s’attaquent d’abord aux bourgeons, puis les fleurs et enfin les feuilles. Alors pas de panique avec ces insectes, car leur taille minuscule ne représente rien face à un arbre aussi vigoureux que ce type de feuillu.
État des populations en Île-de-France
Selon la liste rouge des Rhopalocères de la région parisienne datant de 2016, la Thècle du chêne est classée comme peu commune et en préoccupation mineure. Mais au vu du changement climatique qui induit des saisons incomplètes, disparates en température ou en pluviométrie, les différentes espèces de papillons ont fait les frais ces dernières années de ces conditions. Espérons que ce bel insecte se maintiendra sur les massifs forestiers de la région pour notre plus grande joie.
Bonjour Djamal,
Merci pour ton travail prestigieux et tes photos pour nous décrire ce très beau papillon, rarement vu.
Bonne semaine, prends soin de toi !