La carte géographique (Araschnia levana) est un papillon diurne unique en son genre. Son cycle annuel produit des lépidoptères aussi éloignés en colorie que le jour l’est de la nuit. Voilà des années que je cherchais à photographier ce lépidoptère de la famille des Nymphalidae. Et puis, ce fut la rencontre l’année dernière avec la carte géographique, une espèce quasiment mythique à mes yeux.
Je l’avais croisé à plusieurs reprises sans pouvoir proposer des clichés de qualité correcte. 2016 sera donc l’année où j’aurai pu enfin vous parler de ce papillon étonnant que j’ai qualifié de double face. Voyons ce qui distingue Araschnia levana du reste de ses cousins.
Description de la carte géographique
Dans la famille des Nymphalidae, Araschnia levana est l’un des plus petits membres. Son envergure est comprise entre 35 et 45 mm. La principale particularité de l’espèce est de produire des imagos de couleurs différentes au printemps et en été. La forme des ailes est la même, quels que soient la saison et le sexe de l’imago. Les deux générations de papillon se comportent de la même manière. La femelle est sensiblement plus grande que le mâle.
Habitat
Il fréquente les lieux humides comme les bords de rivières, de ruisseaux, là où pousse la plante hôte. En forêt de Fontainebleau, on trouve plutôt cette espèce au sud du massif le long des cours d’eau comme le Loing.
Plante hôte
La femelle pond sur la grande ortie (Urtica dioica). Sa dépose des œufs mérite à elle seule que l’on s’y arrête un instant. Habituellement, on imagine la femelle allant de feuille en feuille déposer ses œufs un à un. Et bien là, elle ne procède pas tout à fait comme cela ! Elle colle le premier œuf au support. Ensuite, elle poursuit la ponte en collant un chapelet d’œufs un à un, les empilant sous la forme d’un totem. Ce totem compte entre 8 et 15 œufs verts.
Comme toutes les chenilles des Nymphalidae, celles-ci ont des piquants sur le dos. Lors de la ponte, la colonie ne se disperse pas. En cas de dérangement, elles adoptent un système efficace de défense. Si on bouge une feuille d’ortie sur laquelle elles sont, elles se laisseront toutes tomber au sol adoptant un mécanisme de protection collective.
Imagos en version printanière et estivale
Si je vous dis que ce papillon séduisant arbore au printemps une teinte orange comme la photo ci-dessous et qu’en été, il préfère changer d’habit pour se présenter dans une élégante et sobre teinte sombre. Personnellement, je trouve ce cycle annuel extraordinaire ! Imaginez que le célèbre naturaliste suédois Carl Von Linné (18e siècle) en avait déduit, qu’il s’agissait de deux espèces distinctes.
Période de vol
Simplement, la génération printanière a passé l’hiver au stade nymphal et est sortie courant avril-mai. Alors que la seconde génération est issue de la ponte printanière et sa sortie nymphale se fait aux mois de juin juillet. D’ailleurs, on dit de cette espèce qu’elle est bivoltine (2 générations/an). On trouve la carte géographique en forêt de Fontainebleau, mais de manière sporadique et locale.
Particularité du papillon
Le mâle est territorial ! Il se poste à bonne hauteur sur une feuille à la lisière ou sur un chemin bordé d’arbre. Chaque fois, qu’il voie passer un papillon de son espèce ou pas, il décolle aussitôt en reconnaissance ou pour chasser l’intrus. C’est ce comportement territorial qui m’a permis de capturer les images ci-dessous où l’on voit le mâle scrutant son territoire et m’offrant ainsi des perspectives de photos inhabituelles.
Étymologie d’Araschnia levana
Là encore, la bizarrerie l’emporte sur la signification du nom latin et sa version courante en français. Araschnia se rapporte à une araignée pendue à sa toile et Levana est une divinité romaine invoquée lors de la naissance d’un enfant. Bon, posons-nous un instant ! Peut-on voir un rapport entre une araignée et un aspect du papillon ? Peut-être que le revers des ailes évoque un maillage semblable à une toile d’araignée. Toujours est-il que le nom courant carte géographique peut aussi prendre, sens lorsqu’on observe les taches de couleurs du revers des ailes.
Vous constaterez que très souvent le nom des papillons se rapporte à la mythologie et qu’à moins d’être un expert du domaine, il est compliqué d’en comprendre le sens.
Pour aller plus loin, je vous invite à consulter ce PDF sur la carte géographique d’André Lequet.
Bonjour,
Araschnia fait référence à l’envers semblable à une toile tissée. Pour la déesse romaine Levana, je crois que son vol est assez parlant…
Il paraît que l’espèce est en expansion en France. C’est un très beau papillon, que j’ai pu photographier il y a quelques jours.
J’aime bien cette espèce qui produit une version printanière et une autre estivale !
Bravo pour cette nouvelle prise !
Cdlt
Aussi beau au printemps qu’en été, « l’ araschnia levana » se prête aisément aux photos qui sont très belles .
Difficile de retenir les noms latins de ces beautés, mais l’article est clair et très intéressant.
Merci beaucoup !
Bonjour
Encore un magnifique article!
merci
Merci Patrice, avec plaisir ! 🙂