Azuré porte-queue (Lampides boeticus) - Papillon migrateur de Fontainebleau

Azuré porte-queue (Lampides boeticus) – Un migrateur intrépide

Parmi les raretés entomologiques de l’été, il y a l’Azuré porte-queue (Lampides boeticus) de la famille des Lycaenidae. Effectivement, certaines années chaudes, nous avons la visite sur Fontainebleau de ce petit papillon migrateur. Comment ne pas s’émerveiller devant la prouesse de ce lépidoptère ?

Description

Pour le distinguer des espèces locales d’Azurés, voici quelques critères d’identifications qui serviront à les différencier. Une vue de profil, les ailes relevées de ce petit Lycénidé révèlent ce qui nous intéresse. Le premier détail qui est présent chez le mâle et la femelle est la présence d’une petite queue sur chaque aile postérieure. Ensuite, notez la bande blanche plus large qui part depuis les tâches orange et qui remonte jusqu’au sommet des ailes antérieures.

 

Azuré porte-queue mâle (Lampides boeticus) - Papillon migrateur de France
Azuré porte-queue mâle

 

La teinte est brun beige avec des motifs marbrés pour les 2 sexes. Ils ont en commun aussi les 2 points noirs bordés sur l’extérieur de bleu et d’orange sur l’intérieur. Là s’arrêtent les similitudes ! En effet, il existe quand même un dimorphisme sexuel qui porte sur la couleur des faces internes. Tandis que le mâle arbore un bleu violet avec une bordure foncée et une frange blanche,  la teinte de la femelle est plutôt brune avec des reflets bleus autour de l’abdomen et du thorax. L’envergure de cette lycène est comprise entre 30 et 35 mm.

 

 

D’où vient l’Azuré porte-queue ?

Ces 3 dernières années, j’ai rencontré plusieurs fois ce papillon méditerranéen en Seine-et-Marne (Île-de-France). Ma surprise est de l’avoir photographié quasiment devant chez moi. Mon voisin a un buisson de pois de senteur qui visiblement est attractif pour ces insectes diurnes. Mais diable, que fait-il dans la nord de la France ?

Sur notre territoire, son aire de repartions initiale est le quart sud comprenant la bande méditerranéenne et le sud-ouest ainsi que le littoral atlantique. Il produit plusieurs générations dont une va parcourir des centaines de kilomètres pour nous rendre visite. Le flux migratoire remontant des régions méridionales dépend de la météo. Il lui faut un été chaud pour entamer sa migration. Celle-ci peut se poursuivre jusque dans les contrées nordiques. La France n’est pas sa destination finale puisqu’il peut voler jusqu’aux Pays-Bas et en Allemagne.

Quels milieux fréquente l’espèce ?

Lors de raids migratoires, ces petits papillons se montrent discrets. Ils ne sont pas faciles à observer à cause de cela. Il faut un œil curieux et surtout avoir l’opportunité d’avoir les plantes qui attirent les imagos. Sinon, de manière générale, voici les différents biotopes que l’espèce fréquente.

  • Prairies sèches
  • Terrains vagues
  • Friches
  • Bords de chemins
  • Jardins fleuris

Plantes qui attirent Lampides boeticus

Vous l’aurez compris, le flux migratoire de Lampides boeticus est variable d’une année à l’autre à cause d’étés plus moins favorables. Donc, son observation est aléatoire. Par contre, la plantation de certaines espèces de plantes favorise la visite des femelles en quête de support (plante hôte) pour y déposer leurs œufs. Elles peuvent rester plusieurs jours à tourner autour comme ce fut le cas pour moi. La photo ci-dessous montre une femelle déposant un œuf dans la fleur.

 

Azuré porte-queue femelle (Lampides boeticus) - Papillon migrateur de Fontainebleau
Ponte d’une femelle sur des pois de senteur

 

Quelles sont les plantes hôtes nécessaires à la ponte ?

  • Pois de senteur (espèce horticole)
  • Gesse à larges feuilles (Lathyrus latifolius)
  • Gesse des bois (Lathyrus sylvestris)
  • Genêt
  • Baguenaudier (Colutea arborescens)
  • Lupin
  • Haricot cultivé
  • Glycine (Wisteria sinensis)
  • Luzerne cultivée (Medidago sativa)

L’Azuré porte-queue se reproduit-il dans la moitié nord de la France ?

La question se pose tant il est rare d’en voir chaque année. Cependant, il est probable que certaines années favorables, l’espèce puisse accomplir leur cycle biologique complet au nord de la Loire. Il a été observé en Bourgogne et dans le Loiret, la présence d’imagos fraîchement sortis en fin d’été, ce qui suppose la survie de la chrysalide pendant la période hivernale. Des chenilles matures ont été vu également ce qui confirme l’existence de ces cycles. Ils sont probablement aléatoires ce qui explique la rareté.

Avec le réchauffement climatique, l’Azuré porte-queue pourrait être plus fréquent à l’avenir. Malgré tout, je suis admiratif de constater qu’un si petit papillon peut parcourir des centaines de kilomètres. Il n’a pas la vigueur d’une Belle-Dame ou d’un Vulcain, ce qui ne l’empêche pas de tenter sa chance pour donner la vie aussi loin que ses ailes le porte.

 Sources bibliographiques
  • Papillons du Loiret
  • Atlas des papillons de jour de Bourgogne et Franche-Comté

10 commentaires

  1. Bonjour Djamal,

    Quand on aime la nature, on récolte toujours de bonnes surprises et de grandes découvertes !
    Merci pour ton écriture plaisante et précise, et pour la qualité photographique : pas toujours évident de bien photographier les insectes ou les oiseaux…
    Bonne journée… à l’affût de tes nombreuses observations, puis à la rédaction de celles-ci.
    Cdlt.

  2. Oui passionnant, je ne pensais pas qu’un papillon pouvait parcourir tant de distance, c’est phénoménal !
    Merci, Djamal

  3. Bonjour Djamal
    J’aime ce papillon pour sa beauté et sa rareté. Heureuse d’avoir pu le photographier l’an dernier sur ma verveine de Buenos Aires en septembre.
    J’ai sa plante hôte le baguenaudier dans mon jardin ce qui explique sa présence dans mes fleurs les années favorables.
    je ne savais pas qu’il était à l’occasion migrateur.
    merci pour le commentaire.

  4. Merci de nous faire profiter de ce que l’on ne peut voir !

  5. Bonjour ,
    Merci pour ses explications !
    Très sympas !
    Pascal

  6. Bjr Djamal et merci de nous en apprendre tjrs plus sur ces merveilleux papillons, habitant plus bas que vous, je scruterai attentivement mes pois de senteur l’an prochain, au cas où !
    CDT

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