Femelle de martin pêcheur

Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo Atthis)

Le martin-pêcheur (Alcedo Atthis) est l’oiseau extraordinaire qui enchante le photographe à chacun de ses passages. Ce pêcheur de poisson possède un mode de vie différent de tous les autres oiseaux de la forêt de Fontainebleau. Il a un plumage coloré et a une cote d’amour auprès de tous ceux qui le croisent. Que connaissons-nous de lui, de sa vie, de ses difficultés de tous les jours ? Où vit-il ? Où peut-on le voir la flèche bleue ? Pourquoi est-il difficile à voir ?

Je vais répondre à ces questions à partir des observations que j’ai faites sur la flèche bleue depuis plus de 10 ans…

Description

Je ferme les yeux et je vous décris ce joyau ailé. Alcedo Atthis est trapu, avec une grosse tête et un long bec pointu. Le martin-pêcheur mesure environ 16 cm pour un poids de 40 gr. Le plumage de son poitrail et du croupion est orange. Sa tête, ses ailes, son dos, sa queue sont de couleur bleue irisée. En fonction de la présence de la lumière, la teinte peut être bleu turquoise, bleu vert ou bleu outremer s’il se trouve à l’ombre.

 

Son atout est son long bec puissant. C’est l’outil dont il se sert lors de ses plongeons. Le bec du mâle est entièrement noir alors que celui de la femelle est noir avec la partie inférieure orange. C’est uniquement ce détail anatomique qui les distingue.

Habitat

Alcedo Atthis est inféodé aux milieux aquatiques propres (étangs, mares, cours d’eau, fleuve et même bord de mer). Pour qu’il soit régulier dans une région, il doit trouver les berges dont il a besoin pour se reproduire. Le martin-pêcheur est un oiseau territorial. N’étant pas grégaire, il supporte difficilement la présence de concurrent. Chaque année, le grand froid réduit sa population qui peine parfois à se reconstituer. C’est l’émergence des jeunes générations qui redonne vie aux étangs. Son plumage flamboyant lui permet quand même de se cacher dans les branches.  Dans la région de Fontainebleau, il est présent sur la Seine. Il faut être patient avant de l’apercevoir et surtout tendre l’oreille.

Régime alimentaire

Le martin-pêcheur sait varier ses repas en fonction de la ressource disponible. De quoi se nourrit-il ? Je l’ai vu pêcher des têtards au printemps, des alevins, des petites grenouilles, des petites écrevisses, des larves de libellules, des gardons, un alevin de brochet (voir la photo dans la galerie ci-dessus), de petites perches-soleils. Pour ce qui est des poissons, il dépasse rarement les 10 cm. Il m’est arrivé d’en voir un avec un poisson tellement gros, qu’il n’a pas pu l’avaler…

Pour attraper sa proie, il quitte son perchoir en une fraction de seconde, plonge la tête la première. Au moment de toucher l’eau, il aligne ses ailes le long de son corps. Une membrane se referme au niveau de l’œil, lui assurant une protection. Cette action de pêche dure moins de temps que pour l’écrire. Il est très difficile de suivre au téléobjectif l’oiseau plongeant et ressortant de l’eau.  Une fois que le poisson est pincé sous l’eau, le martin-pêcheur remonte comme un bouchon à la surface. Le ploc qu’il fait lors de l’impact est aussi un bruit caractéristique que je sais distinguer (sans le voir).  Le moment de l’impact est si violent qu’il crée une onde circulaire qui lui permettra d’être propulsé vers la surface l’aidant ainsi lors de décollage des eaux.

Si aucun perchoir n’est disponible, il est tout à fait capable de faire du vol stationnaire pendant plusieurs secondes au-dessus de l’eau.

Ses mœurs

Le martin-pêcheur d’Europe est un oiseau diurne qui pêche pour se nourrir comme la deuxième partie du nom l’indique. Il aime se tenir à un poste de gué pour scruter l’eau à la recherche d’une proie. Si son terrain de chasse est un étang, il dispose alors de plusieurs perchoirs favoris pour la pêche. Dès que la lumière est suffisante le matin, il commence à faire le tour de ses postes d’observation. Silencieusement, il scrute la surface de l’eau afin de détecter ce qui va faire son repas.

Une particularité de son œil est qu’il polarise la lumière en supprimant les reflets. Quand nous regardons la surface de l’eau, nous sommes gênés par le reflet du ciel, pas le martin-pêcheur. Lui, il voit parfaitement ce qui se passe en dessous. Je pense même que nous n’avons pas tout découvert sur les extraordinaires possibilités de son œil. Pourquoi dis-je ça ? Parce qu’il m’est arrivé de le voir plonger dans une eau sombre sans transparence et le voir ressortir avec un poisson dans le bec !

Un à un, tous les perchoirs vont être visités jusqu’à ce que la pêche soit fructueuse. Dans ce cas, si la prise est correcte, il fera une halte pour prendre le temps de digérer. Soit dit en passant, sa digestion est très rapide et par conséquent, la pose aussi…

Comportement sur son territoire

L’oiseau bleu et orange est territorial. Il ne tolère pas les intrus sur son territoire. Selon la densité de la population dans la région, le territoire est plus ou moins grand. Comme les spots de pêche sont limités, l’oiseau les défendra vigoureusement contre tout envahisseur. La zone à protéger sera une mare, un étang ou 1 à 2 kilomètres de berges de cours d’eau (ruisseau poissonneux, rivières).

Lorsque l’été est fini, les jeunes ont été chassés du territoire des parents. Les adultes continueront d’arpenter la zone de pêche jusqu’aux premières gelées. Là, les oiseaux auront un choix à faire. Un choix qui peut leur coûter la vie. Rester sur place et risquer de trouver le point d’eau gelé. Ou partir descendre les cours d’eau, les rivières pour rejoindre les embouchures, là où l’eau ne gèle pas. Chaque année, la population de martin-pêcheur subit des pertes quand arrive soudainement un hiver rigoureux.

Habitat

Ou peut-on le voir, c’est probablement la question que tous les photographes animaliers du coin se posent lorsqu’il débute dans ce loisir ! Sur mon autre blog sur la forêt de Fontainebleau, il m’est souvent arrivé de recevoir des mails de personnes me demandant où elle pouvait voir la flèche bleue. C’est toujours délicat de répondre à cette question tout en préservant la tranquillité des oiseaux, en évitant la surpopulation de photographes, etc.

Ce qu’il faut savoir sur cette espèce avant de se déplacer :

  • La qualité de l’eau est primordiale (pas de martin-pêcheur en eau sale)
  • L’oiseau émet un sifflement aigu annonçant son arrivée, ce qui aide à détecter sa présence
  • Le matin entre la levée du jour et 10 heures, les oiseaux sont actifs
  • Quand la pêche a été bonne, il peut rester dormir sur une branche pendant 1 heure (fait que j’ai vécu en affût, véridique)
  • Pour nicher, il a besoin de parois de terre surplombant l’eau (là où vous allez, en voyez-vous ?)
  • Globalement, plus vous vous éloignez de Paris, plus vous aurez de chance d’en voir
Je vous donne un indice de localisation. On peut observer le martin-pêcheur d’Europe sur la Seine et le Loing (rivière qui se jette dans la Seine à Moret-sur-Loing, Seine-et-Marne).

J’espère que ces explications vous aideront à aborder ce bel oiseau en connaissance de cause. Soyez conscient que l’équilibre naturel dont ils font partie est à notre charge. Faisons tout pour que nous et nos enfants puissions continuer à l’observer encore longtemps !

 

4 commentaires

  1. Bonjour Djamal,
    Merci pour tes propos complets et forts intéressants.
    Bonne continuation !
    Cordialement.
    Brigitte.

  2. Bonjour juste pour info j ai vu un Martin pecheur ce matin qui a inspecte qq instants mon bassin. Pas assez longtemps pour le prendre en photo Mai’s tres joli Mai’s poissons etant Gros il n a pas trouve son bonheur.

    • Bonjour Emma, hors saison de nidification, adultes et jeunes explorent des zones plus ou moins éloignées des rivières et étangs. c’est comme cela que l’on découvre que son bassin est visité comme vous nous l’avez indiqué ! Merci pour votre témoignage et à bientôt…

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